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Répertoire
Philippe Henne
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Epiphanie

Pourquoi l’étoile des mages a-t-elle disparu au-dessus de Jérusalem ?

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© Lawrence Lew, OP

Cette étoile, les mages l’avaient découverte parce que, convaincus que les astres ont une influence sur la vie humaine (c’est l’astrologie), ils passaient des nuits entières à scruter les mouvements et les changements dans le ciel. Et voilà que, par une nuit claire et sans nuage, ils découvrent une nouvelle étoile. Quelle est-elle ? À quoi sert-elle ? Est-elle positive ou négative ? Aussitôt ils rassemblent quelques chameaux, des vêtements de rechange, leurs instruments d’étude et l’argent nécessaire pour le voyage. Le nez levé vers le ciel, ils suivent l’étoile qui se tourne vers l’Occident. Le chemin est long. Les mages traversent le désert de Syrie. Cela dure plusieurs jours et voilà que soudain, plus rien ! Les mages se tournent vers le chef local. C’est le roi Hérode. Celui-ci est impressionné par ces hommes venus d’Orient. Leurs vêtements sont somptueux, leurs domestiques nombreux et leur attitude souveraine. Le roi appelle aussitôt les scribes et les grands prêtres qui lui répondent bien vite. Ils n’aimaient pas être dérangés.

C’était là toute la différence avec les mages. Ceux-ci étaient toujours aux aguets, prêts à découvrir quelque chose ou quelqu’un de nouveau.

Ils étaient prêts à se lever et à se déranger pour rencontrer quelque chose ou quelqu’un d’inconnu. Les scribes croyaient tout savoir, avoir tout vu. Il était inutile de les déranger. On voit cela chez certains adolescents, mais aussi chez certains adultes. Rien ne peut les étonner. Rien ne peut les intéresser. C’est pour cela que Jésus a pleuré sur Jérusalem : parce qu’elle n’avait pas accueilli les prophètes. C’est pour cela que les pharisiens avaient condamné Jésus : parce qu’il n’était pas prévu. Ce n’était pas un Messie comme cela qu’ils attendaient. Donc il ne pouvait pas vivre, ni exister.

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Détail du jubé polychrome de la cathédrale Notre-Dame de Paris (FR) © Lawrence Lew, OP

Le plus étonnant, c’est que les mages avaient tout prévu dans leurs bagages : de l’or, de la myrrhe et de l’encens. Car, eux, quand ils rencontrent quelqu’un de nouveau, ils ne lui demandent pas ses papiers, ce qu’il fait, d’où il vient et pourquoi il est ici. Ils font comme Abraham a fait sous le chêne de Mambré. C’était l’heure la plus chaude de la journée. Il s’est levé. Il leur a donné à manger. Il ne savait pas que c’étaient des anges envoyés par le Seigneur pour lui annoncer qu’il allait avoir un fils. On a toujours des surprises avec les étrangers. Ils nous apportent toujours quelque chose. Joseph et Marie en ont fait l’expérience. Les bergers, un peu hébétés, avaient apporté leurs petits cris d’admiration. Les mages avaient apporté des présents pleins de vénération. Eux qui étaient habillés de riches vêtements, bien épais et rutilants, ils s’étaient agenouillés devant un petit bébé, tout nu dans la crèche.

Rejetons donc la Jérusalem des scribes, pleine de science et de suffisance.

Restons toujours aux aguets d’une nouvelle étoile qui pourrait nous conduire vers Dieu.

Elle peut surgir à tout instant, n’importe où et nous mener à découvrir de grandes merveilles. On ne sait jamais.

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Dôme de la cathédrale de Burgos (SP) © Lawrence Lew, OP